Hymne à ...

  "Hymne à ..." est le titre de cette exposition de Oussema Troudi et de Ahmed Maamar (AKA Eraser Man).

 

  Les travaux exposés ont été réalisés pendant la révolte populaire en Tunisie, en Décembre 2010 et Janvier 2011, et exposés aussitôt à partir du 5 Février 2011 à la galerie Artyshow.


   L'exposition a duré deux semaines et a eu deux mi-temps : à la fin de la première semaine, les travaux exposés ont été décrochés et d'autres les ont remplacés pour encore une semaine.


   Peintures, dessins, photographies et revêtement du sol ont constitué une installation. Le sol a été revêtu d'un film adhésif vert avec des traçages blancs comme un corner d'un terrain de football. Les dessins, peintures, photos et photomontages ont occupé les cimaises autour du "terrain". La salle étant située au sous-sol, les visiteurs descendant des escaliers se trouvent au milieu du "terrain de foot",  Ils occupent la place des joueurs alors que les tableaux tiennent celle des spectateurs.


   Des cartes postales ont été créées contenant des visuels des œuvres exposées ainsi que des photomontages spécialement conçus. Ces cartes ont été mises à la vente à un prix symbolique.

 

 

 

Merci à Saloua Mestiri pour son poème et à Meysem Marrouki pour son article paru dans La Presse du 18 Février 2011.

Merci aussi à Nadia Khiari, à Jérôme Benoit et à la galerie Artyshow pour avoir soutenu et accueilli cette exposition par des temps incertains.


Installation Hymne à ...


Révolution à distance

 

 Eraser man

 

  "La révolution ne peut être que collective", comme dit notre amie Emna Ghezaïel. Ceci peut paraître comme une évidence pour beaucoup d'entre nous, sauf qu'il s'agit, non pas de comprendre cette phrase comme la première règle de la révolution, mais d'en saisir le sens moral.

 

  Je pense que notre avenir a pour racines cette révolution. Des valeurs telles que l'esprit collectif nous permettrons de garder ces racines en vie. Après, il y a le devoir de mémoire, c'est un peu comme devoir se rappeler d'arroser la plante.

 

  Je ne vous parlerais pas de mon travail, ou de ce que j'ai voulu exprimer par ce dernier, car de mon point de vue, j'estime que le plasticien impose déjà sa propre "vision" aux autres, par le simple fait d'exposer une (œuvre). Par contre, je tiens par dessus tout à remercier sincèrement tous les photographes qui ont si bien couverts les évènements de cette révolution. Qu'ils soient amateurs ou professionnels, c'est en grande partie grâce à eux que beaucoup de tunisiens et moi même se trouvant à l'étranger, avons pu vivre et percevoir à distance, cette révolution.

  J’espère avoir réussi à vous représenter avec respect, dans ce travail.

 


Hymne à ...

Saloua Mestiri.

 

Il y a comme une partition

Transition au temps

Ton qui s’énonce

Once d’errance

Décence en dépit du corps rance

 

Il y a pour la défense 

Sens qui pansent les outrages

Rage  qui se départage

Sages et ravages

 

Il y a dans l’ouvrage

Plages peuplées de décalages

Ramages et marécages

 

Il y a  au port des martyrs

Tirs qui s’auto-mirent

Lyres mêlées aux aveuglées ires

 

Il y a dans les ratures

Figures  qui se murent

Rayures aux alternées augures

 

Il y a dans la blessure

Mur que la litanie capture

Mesures pour les infinies fêlures   

 

Il y a dans la souillure

Embrasures

Bure pour  traquer la déchirure

 

Il y a dans la fange

Songe qui se prolonge

Phalanges aux pâles cadences

Danse menée par des corps  étranges

 

Il y a pour le soir

Dard  et  tintamarre

Fard mené tambour battant

Temps violent

Son qui s’était cru violon

Longs

 

Il y a pour le funeste complot

Lots de flambeaux

Échos au chant cinglant

Sang alloué au messager du Levant !

 

 


A chacun sa note, à chacun son instrument

 

Meysem Marrouki

 Journal La Presse Tunisie, le 18 Février 2011.

 

 

La galerie de La Marsa Artyshow s’est convertie, le temps d’une exposition, en un terrain de jeu(x), où Oussema Troudi et Erasser Man ont lancé, du 5 jusqu’au 13 février 2011, la première mi-temps de la partie «Hymne à...». La seconde mi-temps prend fin aujourd’hui, vendredi 18 février 2011.

 

«Hymne à ...» est une exposition autour et dans la révolution tunisienne. Ses différents protagonistes se donnent la note et accordent leurs instruments au rythme des événements de ce dernier mois... A chacun sa note propre, à chacun son instrument de prédilection... mais la composition est la même, celle d’une nation, celle d’un pays pour lequel se joue l’ultime symphonie... A l’occasion, le parterre de la galerie s’est revêtu en vert, marqué d’un traçage blanc à la manière d’un terrain de football où se joue l’une des partie les plus attendues, ou plutôt inattendues, dirait-on.

 

Les travaux, que les deux artistes nous ont présentés lors de la première mi-temps, ont été réalisés entre le 15 janvier et le 5 février 2011, c’est-à-dire après la fuite du dictateur déchu. Une sorte d’archivage, d’arrêt sur les images des événements et des situations autour de la révolution. Les artistes s’inspirent et composent à partir du paysage, des décors, du boom visuel vu et vécu au quotidien. «Hymne à...» nous présente 10 toiles (techniques mixtes, fusain) signées Oussema Troudi et un assemblage photos de Eraser Man.

 

«Lacrimoso», pense Troudi en peignant l’agent de police. Il réunit sur les cimaises de la galerie, à travers ses toiles traitées en technique mixte, les différents acteurs de la partie ou de la symphonie, appelée «révolution». Anonyme et sinistre, le préposé à la sécurité se réfugie derrière son énorme casque, jouant sa dernière note en se fondant et en se confondant à la grisaille d’un arrière-plan brumeux et chaotique (qui nous rappelle le gaz lacrymogène, son instrument de prédilection). «Comodo ma no tropo», rétorque encore Oussema pour parler de Ben Ali et Leïla, représentés en duo de flûtistes. Les enchanteurs de la nation qui endormaient et anesthésiaient les "fidèles" à coup de mélodies répressives...

 

Un vide de 23 centimètres sépare les toiles figurant, entre autres, un éboueur contre-bassiste (affabile, molto affabile), un soldat avec son arme faisant le sourd, un autre soldat jouant de la guitare («pizzicato»), un  manifestant chef d’orchestre («a capriccio»), un gardien populaire au tambour («acceso») et un médecin au violon («con anima»), en hommage à tous les médecins et bénévoles qui intervenaient, au cours de la partie, pour secourir ceux qui tombaient sur le terrain de jeu(x)... 

 

 

Eraser Man intervient d’après les photos et images de la «révolution» reçues de France qu’il a récoltées et assemblées dans «Accumulation 1, révolution à distance».

 

Le coup d’envoi de la deuxième mi-temps  a été donné le 14 février 2011 dans le même terrain de jeu(x). Neuf des dix toiles exposées en première mi-temps ont été remplacées par 6 toiles et 12 photos numériques réalisées et tirées entre le 11 et le 14 février.

 

Papier, crayon, fusain et photos en mains, Oussema et Eraser Man continuent de couvrir les événements autour de la «révolution». La partie prend fin tout à l’heure, en attendant la prochaine.

 

Ne ratez pas le dernier coup de sifflet...